Guide des impĂŽts en investissement locatif

Guide des impĂŽts en investissement locatif

Sommaire

Les impîts dans l’investissement immobilier

Pour réaliser un investissement immobilier locatif, il existe différents régimes, chacun avec ses avantages et ses inconvénients. En résumé, voici vos choix :

  • Personne physique, location nue (non-meublĂ©e)
  • Personne physique, location meublĂ©e non professionnelle (LMNP)
  • Personne physique, location meublĂ©e professionnelle (LMP)
  • Personne morale (SCI), impĂŽt sur les personnes physiques (IP)
  • Personne morale (SCI), impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (IS)

Chacun de ces rĂ©gimes vous procure certains avantages et inconvĂ©nients en ce qui concerne les taxes et impĂŽts. Cet article vous permettra d’y voir plus clair et d’effectuer le meilleur choix en fonction de votre stratĂ©gie d’investissement. Il sera aussi nĂ©cessaire de suivre une formation en investissement immobilier locatif.

La taxe fonciĂšre

En France, chaque bien immobilier est soumis Ă  la taxe fonciĂšre. Le montant rĂ©el de cette taxe dĂ©pend de la collectivitĂ© sur le territoire de laquelle votre bien se situe (commune, dĂ©partement, rĂ©gion), selon une mĂ©thode de calcul identique partout : votre bien immobilier est caractĂ©risĂ© par une valeur locative cadastrale. Il s’agit du montant annuel moyen des revenus locatifs que vous pourriez obtenir sur ce bien, mĂȘme si cela concerne votre domicile. Ce montant est ensuite rĂ©duit de moitiĂ© afin de simuler les charges et pĂ©riodes de vacance. La taxe fonciĂšre est calculĂ©e par les collectivitĂ©s sur base de ce rĂ©sultat.

Plus prĂ©cisĂ©ment, vous pouvez demander une fiche d’évaluation du bien immobilier au Centre des ImpĂŽts Fonciers. Cette fiche dĂ©taille le calcul prĂ©cis de la valeur locative cadastrale selon ces critĂšres :

  • Superficie totale du logement
  • AmĂ©nagements de confort, traduits en mÂČ par amĂ©nagement (eau, gaz, Ă©lectricitĂ©, wc, lavabo, baignoire) et ajoutĂ©s Ă  la superficie totale
  • CatĂ©gorie du logement (il en existe 8, la plus Ă©levĂ©e Ă©tant le « haut standing » et la plus basse Ă©tant « logement insalubre »)
  • PondĂ©ration selon un coefficient de confort pour diffĂ©rencier les biens neufs des biens anciens, et mĂȘme les appartements des maisons.

Veuillez toujours garder un Ɠil sur l’évolution des valeurs locatives cadastrales, elles sont majorĂ©es d’un certain pourcentage chaque annĂ©e. Vous pouvez utiliser ce pourcentage pour indexer vos contrats de bail.

Remarque : Ă©tant donnĂ© que la taxe fonciĂšre est calculĂ©e sur la superficie et les amĂ©nagements de confort, vous ĂȘtes tenus d’informer l’administration de chaque modification apportĂ©e Ă  votre bien immobilier (extension, ajout de sanitaires).

Imposition sur la plus-value immobiliĂšre

Hors dégradations, la plupart des biens immobiliers voient leur valeur augmenter au fil des années, surtout si le propriétaire les rénove et leur ajoute de la superficie ou des aménagements de confort.

Il existe donc un impĂŽt sur la plus-value immobiliĂšre. En rĂ©alitĂ©, il s’agit de deux formes d’impĂŽt : un impĂŽt d’une valeur de 36,2% et des prĂ©lĂšvements sociaux d’une valeur de 17,2%. Toute la question tourne autour de la base imposable.

La base imposable est la plus-value nette. Le simple calcul de la diffĂ©rence entre le prix d’acquisition et le prix de revente donne pour rĂ©sultat la plus-value brute. Pour obtenir la plus-value nette, il faut soustraire le prix de vente corrigĂ© du prix d’acquisition corrigĂ©.

Prix de vente corrigé

Il s’agit du prix de vente auquel on ajoute les charges et indemnitĂ©s dues par l’acheteur, si elles sont mentionnĂ©es sur l’acte de vente. (Ex : indemnitĂ©s d’éviction de locataire). On en soustrait les frais du vendeur (diagnostics, Ă©ventuelle mainlevĂ©e hypothĂ©caire).

Prix d’acquisition corrigĂ©

Il s’agit du prix d’achat auquel on ajoute les frais d’achat et le montant des travaux de rĂ©novation.

  • Frais d’achat : forfait Ă  7,5%, sauf si les frais de notaire sont supĂ©rieurs, dans ce cas c’est leur valeur numĂ©rique qui est prise en compte.
  • Montant des travaux : uniquement sur base des factures Ă©manant d’entreprises. Si aucune facture n’est disponible, une majoration forfaitaire peut ĂȘtre appliquĂ©e jusqu’à 15%.

Remarque : les meubles peuvent ĂȘtre vendus Ă  part pour ne pas entrer en compte dans le calcul de la plus-value.

Cette plus-value nette est donc imposĂ©e aux taux citĂ©s (36,2% et 17,2%), mais l’imposition revĂȘt un caractĂšre dĂ©gressif par abattements.

En ce qui concerne l’impĂŽt de 36,2%, la base imposable reste intacte pendant les 5 premiĂšres annĂ©es complĂštes avant de diminuer de 6% par an et de 4% la derniĂšre annĂ©e. Ainsi, aprĂšs 22 ans, la base imposable a disparu et l’impĂŽt est nul.

En ce qui concerne les prélÚvements sociaux, la base imposable diminue de 1,60% par an, de 1,65% la 22e année, et de 9% ensuite. Ainsi, aprÚs 30 ans, les prélÚvements sociaux sont nuls.

Remarque : l’imposition sur la plus-value ne s’applique pas Ă  votre rĂ©sidence principale et ses dĂ©pendances (si vendues ensembles). Le statut de rĂ©sidence principale reste valable jusqu’au jour de la mise en vente du bien ou du dĂ©mĂ©nagement.

Cas particulier du rĂ©investissement du produit de la vente d’une rĂ©sidence secondaire

Il existe un cas particulier mais nĂ©anmoins fort intĂ©ressant pour les petits investisseurs. Si vous n’avez pas Ă©tĂ© propriĂ©taire de votre rĂ©sidence principale depuis plus de quatre ans, et si vous n’avez pas vendu de rĂ©sidence secondaire depuis le 1er fĂ©vrier 2012, alors vous pouvez bĂ©nĂ©ficier d’une exonĂ©ration de l’impĂŽt sur la plus-value, mais Ă  une condition particuliĂšre.

Le cas est le suivant : vous ĂȘtes locataire de votre rĂ©sidence principale et vous avez investi dans un bien immobilier intĂ©ressant, dont les revenus locatifs couvrent le remboursement du crĂ©dit et les frais d’entretien. Lorsque vous finissez d’en rembourser le crĂ©dit, vous pouvez revendre cet unique bien immobilier et bĂ©nĂ©ficier de sa plus-value Ă  la condition que le produit de cette revente soit rĂ©investi dans un bien immobilier qui vous servira de rĂ©sidence principale dans un dĂ©lai de 24 mois. C’est un mĂ©canisme intĂ©ressant pour aider Ă  financer l’achat d’un domicile.

Remarque : si vous ne rĂ©investissez qu’une partie de la somme, l’exonĂ©ration ne portera que sur cette partie-lĂ .

Les droits de succession

Si vous recevez un bien immobilier en hĂ©ritage, vous pourrez l’exploiter selon vos envies pour bĂ©nĂ©ficier des revenus locatifs – dont l’imposition fait l’objet du point suivant. Mais avant d’en profiter, vous devrez sans doute vous acquitter des droits de succession, Ă  moins d’ĂȘtre le conjoint du dĂ©funt, ou un frĂšre/sƓur de plus de 50 ans, cĂ©libataire et ayant vĂ©cu plus de 5 ans avec le dĂ©funt


Voici un aperçu des droits de succession avec abattements :

Ligne directe (enfants) : 5 à 45% et abattement de 100.000 euros

Ligne directe (petits-enfants) : 5 à 45% et abattement de 1.594 euros

FrĂšre, sƓur vivant ou reprĂ©senté : 35 Ă  45% et abattement de 15.932 euros

Neveux, niÚces : de 35 à 55%, abattement de 7.967 euros

Parents au 4e degré : 55% et abattement de 1.594 euros

Au-delà ou non parents : 60% et abattement de 1.594 euros

Héritiers handicapés :  % selon degré de parenté mais abattement de 159.325 euros

Dans le cas d’un bien immobilier, les droits de succession sont calculĂ©s sur la valeur vĂ©nale (de marchĂ©) de ce bien. Le calcul est gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ© par un notaire sur la base des prix moyens dans le quartier.

Nous comprenons ainsi que pour certains héritiers, les droits de succession sont trÚs lourds, ce qui les pousse souvent à mettre en vente le bien immobilier. Néanmoins, dans le cas de biens mis en location, il est possible de trouver des arrangements :

  • Si au moins la moitiĂ© de l’hĂ©ritage est constituĂ©e de biens immobiliers, il est possible de demander un fractionnement du paiement des droits de succession, sur 5 ou 10 ans, au taux d’intĂ©rĂȘt lĂ©gal. Celui-ci change chaque annĂ©e mais reste compĂ©titif par rapport aux taux pratiquĂ©s par les banques. Ainsi, vous pourrez financer le paiement des droits de succession grĂące aux revenus locatifs.
  • Si vous hĂ©ritez de la nue-propriĂ©tĂ© et qu’une autre personne hĂ©rite de l’usufruit (ex : enfant reçoit la nue-propriĂ©tĂ©, conjoint survivant reçoit l’usufruit), vous bĂ©nĂ©ficierez d’un report des droits de succession. Vous ne devrez les payer qu’à la mort de l’usufruitier. Attention, si vous vendez cette nue-propriĂ©tĂ©, vous devrez payer les droits de succession.
  • Si le propriĂ©taire avait constituĂ© une SociĂ©tĂ© Civile ImmobiliĂšre (SCI) pour exploiter le bien immobilier, la succession se fait par cession de parts. Cette mĂ©thode peut ĂȘtre pratique dans le cas de multiples hĂ©ritiers.

Si ces conditions ne s’appliquent pas, il vous reste la possibilitĂ© de demander un crĂ©dit hypothĂ©caire Ă  une banque ou organisme de crĂ©dit pour payer en une fois les droits de succession, et rembourser le crĂ©dit Ă  l’aide des revenus locatifs, tandis que le bien immobilier hĂ©ritĂ© sert de garantie.

Taxation des revenus locatifs

Location nue (non-meublée)

En cas de location nue, deux cas de figures peuvent se prĂ©senter, selon que vos revenus locatifs bruts sont infĂ©rieurs ou Ă©gaux Ă  15.000 euros, ou qu’ils sont supĂ©rieurs.

Dans le premier cas, c’est le rĂ©gime micro-foncier qui s’applique : vous dĂ©clarez vos revenus bruts Ă  l’impĂŽt sur les revenus (formulaire 2042). Un abattement forfaitaire sera calculĂ© par l’administration (30%) pour compenser les charges et frais.

NĂ©anmoins, si vous estimez que vos frais et charges sont nettement supĂ©rieurs Ă  30% des revenus locatifs et que vous pouvez le prouver, il vous est possible d’opter manuellement pour le rĂ©gime du rĂ©el : via le formulaire 2044 (Ă  joindre au 2042) vous dĂ©clarez vos revenus locatifs nets ainsi que le calcul (revenus locatifs bruts moins les charges, travaux, assurance, impĂŽts fonciers
). Ce rĂ©gime s’appliquera pendant trois ans.

Dans le second cas, revenus bruts supĂ©rieurs Ă  15.000 euros, c’est le rĂ©gime du rĂ©el qui s’applique automatiquement : dĂ©claration des revenus nets, avec dĂ©tail du calcul et preuves, sur le formulaire 2044.

Dans le cas de la SCI, si vous optez pour l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, les bĂ©nĂ©fices seront taxĂ©s si vous les redistribuez aux actionnaires par des dividendes. Si vous les rĂ©investissez, aucune imposition ne les touchera. Le taux d’imposition est de 15% jusqu’Ă  38.120 euros et de 33% ensuite. Au dĂ©but vous pouvez aussi neutraliser vos bĂ©nĂ©fices en dĂ©duisant l’amortissement de l’immeuble de vos rĂ©sultats : le bien immobilier est rĂ©putĂ© durer 20 ans, donc chaque annĂ©e vous pouvez dĂ©duire 1/20e de sa valeur.

Location meublée

Une distinction est opĂ©rĂ©e entre les loueurs meublĂ© non professionnels (LMNP) et les loueurs meublĂ© professionnels (LMP). Le statut LMNP s’applique aux foyers dont toutes les recettes locatives annuelles sont infĂ©rieures Ă  23.000 euros et infĂ©rieures Ă  tous les autres revenus du mĂȘme foyer.

Si vous ĂȘtes LMNP, vous devrez dĂ©clarer vos revenus locatifs en tant que BĂ©nĂ©fices Industriels et Commerciaux (BIC) et ils seront soumis au barĂšme progressif de l’impĂŽt sur le revenu. Le rĂ©gime micro-BIC sera d’application (formulaire 2042 C-PRO) et vous devrez ĂȘtre enregistrĂ© dans le rĂ©pertoire SirĂšne de l’Insee. En fonction de l’endroit oĂč se trouve le bien immobilier, vous pourriez avoir Ă  payer la cotisation fonciĂšre des entreprises (consulter le Service des ImpĂŽts des Entreprises).

Si vous ĂȘtes LMP, le rĂ©gime dĂ©pendra de votre structure juridique :

  • Particuliers : impĂŽt sur le revenu
  • Auto-entrepreneurs avec revenus locatifs annuels infĂ©rieurs Ă  70.00 euros (ou 170.000 pour biens classĂ©s) : rĂ©gime micro-BIC
  • SociĂ©tĂ©s : impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s

Mis Ă  part cela, la TVA ne s’applique pas. En revanche, il faudra payer la cotisation fonciĂšre des entreprises sauf si le bien est situĂ© dans l’immeuble de rĂ©sidence principale du propriĂ©taire. Si les revenus annuels hors taxes sont supĂ©rieurs Ă  500.000 euros, vous devrez aussi payer la cotisation sur la valeur ajoutĂ©e des entreprises.

En ce qui concerne la location meublĂ©e des rĂ©sidences-services, la loi Censi-Bouvard vous permet de bĂ©nĂ©ficier de dĂ©ductions d’impĂŽts de 11% du prix d’achat (plafonnĂ© Ă  300.000 euros). Mais les revenus locatifs sont assujettis Ă  la TVA et l’imposition se fait selon le rĂ©gime BIC du statut LMNP. Cette loi est valable jusque fin dĂ©cembre 2021 et fait partie de diffĂ©rents avantages fiscaux que vous pouvez exploiter en immobilier.

Avantages fiscaux relatifs à l’immobilier

Dans la plupart des cas, si jamais vous vous retrouvez en situation de dĂ©ficit foncier, vous pourrez dĂ©duire la valeur de celui-ci de vos impĂŽts. Il s’agit lĂ  d’un petit avantage fiscal vous permettant de redresser la barre en cas de problĂšme, ou de survivre Ă  une mauvaise annĂ©e locative (pĂ©riode de vacance inattendue, travaux d’entretien). Le dĂ©ficit foncier survient lorsque vos revenus locatifs bruts sont infĂ©rieurs Ă  vos charges financiĂšres ou non-financiĂšres. L’imputation dĂ©pend du cas de figure :

  • DĂ©ficit foncier financier : revenus infĂ©rieurs au crĂ©dit Ă  rembourser sur l’annĂ©e. L’imputation a lieu sur le revenu foncier pendant les dix prochaines annĂ©es.
  • DĂ©ficit foncier non-financier : Ă  cause de charges d’exploitation et de travaux. L’imputation a lieu sur le revenu global dans une limite de 10.700 euros.

La loi Pinel : ce dispositif a Ă©tĂ© mis en place pour stimuler le marchĂ© locatif en France. Si vous achetez un bien immobilier neuf et que vous trouvez dans les 12 mois un locataire qui s’engage Ă  en faire sa rĂ©sidence principale pour au moins 6 ans, vous bĂ©nĂ©ficiez d’une rĂ©duction d’impĂŽts. La rĂ©duction sera de 12% pour 6 ans, 18% pour un bail de 9 ans et 21% pour un bail de 12 ans. Ce dispositif s’applique Ă  maximum deux logements par annĂ©e.

Le dispositif de la loi Pinel s’applique Ă©galement aux logements anciens que vous rĂ©novez pour satisfaire Ă  certains critĂšres Ă©nergĂ©tiques.

Il existe aussi depuis 2019 le dispositif Denormandie, s’appliquant uniquement aux logements anciens Ă  rĂ©nover, selon des critĂšres plus souples que ceux de la loi Pinel. Les avantages fiscaux sont les mĂȘmes.

Pour comprendre la diffĂ©rence entre les deux dispositifs, il faut connaĂźtre leur raison d’ĂȘtre :

  • Loi Pinel : sert Ă  rĂ©sorber les dĂ©sĂ©quilibres entre offre et demande dans des « zones de tension », c’est-Ă -dire ajouter des logements sur le marchĂ© pour soulager une forte demande.
  • Loi Denormandie : sert Ă  lutter contre les logements vacants souvent insalubres dans le centre de 222 villes françaises concernĂ©es (voir « Action cƓur ville » ou OpĂ©rations de Revitalisation du Territoire).

En utilisant correctement ces dispositifs, vous pourrez rĂ©aliser de bonnes affaires. Par exemple, la dĂ©duction du dĂ©ficit foncier vous permet d’investir dans des travaux de rĂ©novation et de vous en faire rembourser une partie. Sachez que la plupart des grands investisseurs optent pour la SCI et l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s. Ainsi, ils peuvent Ă©viter les taxes pendant plusieurs annĂ©es tandis qu’ils rĂ©investissent leurs revenus dans de nouveaux projets.

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